Où va la filière blé dur ?
Zoom sur le blé dur en France, en nette perte de vitesse ces dernières années. À cause de problèmes qualitatifs de plus en plus fréquents, la culture est jugée trop risquée par nombre de producteurs, et les surfaces implantées s’étiolent. Si bien que la filière tente de réagir avec un plan de souveraineté visant à relancer la production. Un dossier pour faire le tour de la question !
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Le blé dur n’a pas le vent en poupe en France, c’est le moins qu’on puisse dire. Pour preuve : la baisse marquée des surfaces ces dernières années. S’il est apparu voilà 7 000 ans en Turquie, ce n’est qu’après 1950 que sa culture a commencé dans l'Hexagone, sous l’impulsion des industriels, et qu’elle s’est étendue grâce à la sélection variétale, s’épanouissant dans quatre grands bassins de production : le Sud-Est, le Sud-Ouest, la zone Ouest Océan et la grande région Centre/Île-de-France
Des surfaces au plus bas depuis 30 ans
Mais si elles atteignaient plus de 500 000 hectares en 2010, les surfaces se sont mises à décliner de plus en plus drastiquement ces dernières années sur le territoire, pour descendre autour de 206 000 hectares en 2025 : un niveau historiquement bas.
Et pour cause, expliquent les agriculteurs : la culture est risquée et sa rentabilité, aléatoire. Les aléas climatiques mènent à des problèmes qualitatifs de plus en plus fréquents et donc à des déclassements et à des prix bas qui les poussent à réduire les surfaces voire à purement et simplement abandonner la culture.
L’arrivée récente de nouveaux pays exportateurs sur le marché mondial du blé dur a également contribué à peser sur les prix sur la dernière campagne et à décourager les producteurs français.
« Les prix du blé dur pourraient ne pas bouger jusqu’à la fin de la campagne », nous expliquait fin 2024 l’analyste Sébastien Poncelet, dans un panorama du marché mondial.
Mi-janvier, les prix ont toutefois commencé à gagner en fermeté sur le physique français en raison d’un marché local tendu et d’un regain de demande en Italie. Ils sont repartis à la baisse en février, écrasés par l’abondance de l’offre canadienne. En mars, les prix évoluaient peu sur le physique français : le manque de volume de qualité limite les transactions sur l’ancienne récolte, mais l’intérêt pour la prochaine moisson pourrait commencer à dynamiser le marché.
Face à l’incertitude liée aux prix, certains agriculteurs se tournent vers des solutions de diversification. Comme Adrien Doret, installé dans le Loiret, qui a choisi de transformer son blé dur en farine et en pâtes qu’il vend en circuits courts, apportant une plus-value à sa production.
La baisse continue des surfaces implantées en blé dur en France s’accompagne logiquement d’une chute de la production ces dernières années, catalysée en 2024 par les problèmes météo qui ont affecté les rendements. La production s’est alors repliée de 15 % par rapport à la moyenne quinquennale et de 52 % par rapport à 2010.
Côté qualité, la récolte 2024 s’est également révélée très contrastée selon les bassins de production, avec notamment des PS sous les 76 kg/hl pour plus de la moitié de la collecte et une teneur en protéine globalement satisfaisante.
Un plan de souveraineté pour assurer la pérennité de la filière
En face de ces disponibilités de blé dur en chute libre sur le marché intérieur, la demande est bien présente : la consommation de pâtes des Français grimpe. Si bien que les fabricants nationaux, engagés à se fournir à 100 % en blé dur français, s’inquiètent d’arriver à un « seuil critique » et appellent à augmenter les surfaces cultivées pour sécuriser l'approvisionnement.
De leur côté, les organismes stockeurs témoignent de leur confiance dans l’avenir de cette culture, à condition de « gérer les problèmes de production » et « d'accompagner les agriculteurs ».
C’est tout l’objet du plan de souveraineté lancé en 2024 par la filière et doté de 43 millions d’euros sur 5 ans. Pour relancer la production nationale de blé dur et permettre aux pâtes alimentaires françaises de reconquérir des parts de marché, il entend renforcer l’attractivité de la culture pour les agriculteurs via la sécurisation des revenus.
Ce plan de souveraineté s'appuie sur un autre volet central : l’innovation variétale. L’ambition est d'accélérer au maximum le cycle de sélection et d'améliorer l'adaptation des variétés au changement climatique.
Pour l’heure, la liste des variétés recommandées par les semouliers et les pastiers pour la récolte 2025, basée sur des critères de qualité et de résistance aux aléas climatiques, compte désormais neuf variétés, dont deux nouvelles.
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